Grand Auto

Femmes au volant, réussites au tournant

Le sport automobile est une des rares disciplines mixtes. Cependant encore trop peu de femmes sont représentées dans les différentes catégories de courses. Une tendance qui tend timidement à se réduire car aujourd’hui de plus en plus de femmes s’affirment et réalisent de grandes carrières. Dans les pas de Bertha Benz, la première pilote d’essai de l’histoire automobile, Camille de Gast, la première pilote de course, ou encore de June McCarroll, voici quelques exemples de ces femmes qui luttent contre l’idée préconçue que ce sport est uniquement dédié aux hommes. Aujourd’hui les femmes ne représentent que 10 % des licenciées à la Fédération Française du Sport Automobile. La route est encore longue pour arriver à une équité au sein de ce milieu.

 

Michèle Mouton

Sans doute l’une des femmes les plus connues du sport automobile, Michèle Mouton est aujourd’hui considérée comme une de ses légendes. Elle compte à son actif 9 podiums dont 4 victoires sur 52 départs en WRC. Elle est également la seule femme à avoir remporté le rallye mondial de Sanremo en 1981. “Le beau volcan noir” débute sa carrière en 1974 où elle remporte nombre de championnats nationaux et se découvre rapidement une passion pour les moteurs. De l’Alpine A110 à la Porsche Carrera RS jusqu’à la Audi Quattro qui lui permettra de décrocher l’or. Après une incroyable carrière au volant, elle devient, en 2010, la directrice du WRC puis la présidente du Women in Motorsports de la FIA l’année suivante. Elle continue aujourd’hui de promouvoir ce sport auprès du public féminin et encourage les nouvelles arrivantes à se lancer.

 

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Margot Laffite

Fille du pilote Jacques Laffitte (176 participations en GP dont 6 victoires), Margot Laffite découvre le milieu du sport automobile dans sa jeunesse en regardant son père concourir. Elle s’illustre déjà sur les pistes en 2005 en remportant le Trophée Andros féminin (avec des véhicules à quatre roues 100 % électriques sur glace). Notre experte est ensuite repérée par la chaîne Eurosport pour animer Dimanche F1. Elle alterne entre sa carrière de pilote et d’animatrice. En effet, elle continue de participer à plusieurs courses comme l’Eurocup Megane Trophy et le Trophée Andros tout en passant sur Canal + en 2014 pour peu à peu devenir titulaire pour l’émission Les Spécialistes F1. Aujourd’hui, notre pilote jongle encore avec ses deux casquettes avec comme co-pilote depuis 2018, Olivier Pernaut, fils de l’ancien présentateur du JT de TF1.

 

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Monisha  Kaltenborn

Monisha Kaltenborn rêvait des étoiles étant jeune. Ses parents émigrent avec elle, alors âgée de huit ans, d’Inde pour l’Autriche. Elle se lance par la suite dans des études de droit international et ce n’est qu’après avoir fréquentée plusieurs cabinets d’avocats prestigieux qu’elle se retrouve à côtoyer le milieu automobile. En effet, lors de son passage chez Fritz Kaiser Group (1998-99), son directeur lui propose de rejoindre en tant qu’avocate chargée du département juridique, l’écurie Sauber dont il est actionnaire. Malgré la séparation avec l’actionnaire, elle continue chez Sauber et parvient même à sauver la société de la faillite après le rachat par le fondateur Peter Sauber. Grâce à ses choix et son expertise elle en deviendra la directrice générale de 2010 à 2017. Pour terminer, elle devient en 2012 la première femme à occuper le poste de Team Principal sur les Grands Prix de la Formule 1.

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Danica Patrick

Du côté outre-Atlantique, nous avons la pilote Danica Patrick. Révélation féminine américaine, elle a participé à près d’une centaine de courses en Indycar et plus de 80 en NASCAR. L’Américaine, originaire du Wisconsin, détient plusieurs distinctions. Elle est la première femme à participer au 500 Miles d’Indianapolis en 2005. Suite à sa brillante performance elle est élue “Rookie of the Year” éclipsant même le vainqueur de l’épreuve, Dan Wheldon. Elle enchaine en 2011 en devenant la première femme à concourir dans une course de NASCAR (Daytona, 2011). Elle est également la première à signer une pole position en NASCAR Cup Series, en 2013 (Daytona 500, qualifications). Enfin, elle remporte même l’épreuve d’Indycar de Motegi (Indy Japan) en 2008.

 

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Maria Teresa de Filippis

Qui a dit que la Formule 1 était un sport d’homme ? Maria Teresa de Filippis (1926-2016) a montré, à elle seule, que les femmes aussi avaient leur place dans ces monospaces. La Napolitaine, pionnière en F1, comptabilise 5 participations à des courses officielles durant sa carrière de 1948 à 1959. Elle échoue à la qualification du GP de Monaco de 1958 mais réussit toutefois, un mois plus tard, à se hisser à la dixième place du GP de Belgique. La pilote n’aura pas, malgré sa postérité, de grands autres succès à l’international durant sa carrière privilégiant les courses dans son pays. Elle mettra prématurément fin à sa carrière en 1959 suite à la mort de son ami Luigi Musso, un autre pilote, durant un Grand Prix (GP de France, 1958).

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Lella Lombardi

Deux décennies plus tard, Lella Lombardi (1941-1992) fait son entrée dans la compétition. A l’instar de sa compatriote citée précédemment, la pilote du Piémont exerce également en Formule 1 de 1974 à 1976. En revanche, elle est devenue la première femme à se classer au championnat du monde de F1, en 1975. En effet, cette année-là, elle décroche la 6ème place au GP d’Espagne permettant de scorer 0,5 pts. Malheureusement elle ne décrochera pas d’autres points durant la saison. Elle détient de fait le record du plus petit nombre de points inscrits durant une carrière avec 12 départs.  Elle s’illustre à plusieurs reprises dans des circuits “6 Heures” en Angleterre et en Italie. Enfin, elle participera également à quatre éditions des 24 Heures du Mans. Sa meilleure performance la conduira à la 11ème place en 1977.

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Jamie Chadwick

Partons maintenant outre-Manche. Jamie Chadwick est la première femme à remporter une course en Formule 3 (2018). Néanmoins, du haut de ses 22 ans, la Britannique n’en est pas à son coup d’essai. En 2015, alors âgée de 17 ans, elle remporte le championnat national de GT au volant de son Aston Martin V8 Vantage GT4. Elle poursuit en devenant la plus jeune vainqueur d’une course au format “24 Heures” avec l’édition britannique du Silverstone la même année. En 2016, elle apparaît sur les champs de courses mais plus rarement… pour réviser son A-Level (baccalauréat). Aujourd’hui, même si elle continue de courir principalement en F3, elle travaille également en tant que pilote de développement au sein de l’équipe de F1 Williams Racing.

 

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Jutta Kleinschmidt

L’Allemagne n’est pas en reste et pour la représenter Jutta Kleinschmidt en a à revendre. Originaire de Cologne, elle est la seule femme à avoir remporté le Rallye Dakar en 2001. D’abord sur les deux-roues, elle remporte en 1992 la 1ère place féminine du Rallye Paris-Le Cap et des Pharaons puis le Paris-Dakar l’année suivante. Elle se consacre à l’automobile à partir de 1994. A l’aise sur sable comme sur la glace, elle gagne même le trophée Andros en 1998 cette fois-ci sur 4 roues. Le sacre sera donc en 2001 lorsque qu’après moultes péripéties, elle remporte avec sa copilote Andreas Schulz la dernière édition au parcours iconique (le départ de l’édition suivante étant à Arras) pour Mitsubishi.

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Leena Gade

Leena Gade fait partie de ces femmes qui œuvrent dans l’ombre du pilote mais pour atteindre les sommets. En effet, la Britannique devient en 2011 la première femme ingénieure de course à remporter les 24 Heures du Mans. Elle raconte que déjà dans sa formation d’ingénieure à l’université de Manchester, il n’y avait que cinq femmes pour cent étudiants. Qu’à cela ne tienne ! Aujourd’hui elle détient à son actif trois victoires avec Audi au 24 Heures du Mans (2011, 2012 et 2014). Elle a d’ailleurs été nommée “Man of the Year” (oui, oui : Man) du championnat du monde d’endurance de la FIA en 2012. L’année suivante, elle est nommée ambassadrice de la FIA de la commission pour les Femmes dans le sport automobile.

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Charlotte Berton

Enfin, si sa carrière n’est pas reconnue à l’échelle mondiale, Charlotte Berton fait partie de ces figures qui rayonnent dans le sport automobile de l’Hexagone. Cette pilote de Rodez a fait ses armes en tant que pilote au Rallye Jeunes de 2005 à 2007 non-loin de Sébastien Ogier. Elle enchaine ensuite les particpations aux concours des compacts comme la coupe 206 Peugeot et Suzuki Swift. Elle décrochera d’ailleurs la médaille d’argent à la Supercoupe de 2011 derrière Romain Fostier. Enfin elle devient pilote officielle pour Opel en 2013 et 2014. Durant ce parcours, elle réussit à décrocher quatre victoires au Championnat de France des Rallyes (2010, 2011, 2012 et 2014). Elle est aujourd’hui reconnue dans le milieu grâce à ses participations à des compétitions, pourtant mixtes, où il n’est pas commun d’avoir des femmes pilotes.

 

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Mentions honorables

 

Maria De Vilotta

Un destin tragique a eu raison de Maria de Vilotta. La regretté pilote espagnole avait attristé l’ensemble du sport lors de son décès en 2013 à seulement 33 ans. L’Espagnole évoluait dans son pays en F3 depuis 2001 en passant par d’autres championnats pour terminer sa carrière en Superleague de 2009 à 2011.  En 2012, elle est victime d’un accident lors des essais chez Marussia F1. Elle y perd son œil droit ainsi que l’odorat et le goût. Cet accident pointera le défaut technique d’embrayage lorsque le volant est braqué au maximum en F1. Elle succombera des suites de ses blessures alors en pleine promotion de son livre “La vie est un cadeau”. Sans cet accident, il y a fort à parier que Maria de Vilotta aurait eu une grande carrière en F1.

 

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Odette Siko

Certes d’une autre époque, Odette Siko (1899-1984) méritait sa place dans ce classement. En effet, cette Parisienne n’est ni plus ni moins que la première femme a avoir participé à des compétitions automobiles officielles comme les 24 Heures du Mans de 1930 1933. A l’heure où les femmes n’ont pas toujours pas le droit de vote (1945), Elle jette un grand coup de pied dans les connotations “masculines” du sport.

 

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Sarah Bovy

Sarah Bovy est une pilote belge de 31 ans qui participe à la promotion des jeunes femmes pilotes sur les pistes de courses. Elle possède sa propre chaîne YouTube où elle vulgarise ce sport qu’elle pratique depuis maintenant 15 ans et raconte son parcours. Ses vidéos techniques de vulgarisation et ses expériences ont pour vocation d’inspirer la prochaine génération féminine à s’initier à ce sport qui “manque cruellement de femmes”.

 

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Femmes pressées

Pour terminer cette liste non-exhaustive voici un documentaire réalisé par le journaliste sportif, designer et pilote français Adrien Paviot en collaboration avec Laurent Reix intitulé Femmes pressées. Ce reportage de 2013 donne la voix à ces actrices du sport comme Michèle Mouton, Margot Laffitte et bien d’autres représentantes pour montrer que même en étant une femme. On peut réussir dans le milieu du sport automobile.

 

 

Photo de couverture : Maria de Villota (en 2009)

 


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